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La bataille de Crécy-en-Ponthieu, le 26 août 1346, qui voit s’affronter Philippe VI de France et Édouard III d’Angleterre puis la bataille de Poitiers, le 19 septembre 1356, au cours de laquelle Jean II le Bon est fait prisonnier par Le Prince noir (Édouard Plantagenêt, prince de Galles, fils aîné d'Édouard III d'Angleterre), ont montré l’efficacité des archers anglais et de leurs arcs longs.

Charles V, qui venait de monter sur le trône à la place de Jean II le Bon, tenta de rénover l’archerie dans l’armée française. L’arc en « if de romanie » (en if d’Italie), long et léger, remplaça l’arc court des Bourguignons. Tout ce qui pouvait faire renaître l’exercice de l’arc, négligé depuis un certain temps au profit de l’arbalète, fut mis en œuvre, si bien que, au dire de Juvénal des Ursins, « en peu de temps, les archers de France furent tellement duits à l’arc, qu’ils surmontoient à bien tirer les Anglois ».

Malheureusement, après la mort de Charles V, en 1380, son fils, Charles VI, se laissa persuader par l’aristocratie que « si ensemble se fussent mis les archers, ils eussent été plus puissants que princes et nobles ; et pour ce, fuct enjoinct par le roi, qu’on cessât de tirer à l’arc, et que seulement y eust certain nombre, en une ville, d’archers et d’arbalétriers ».

Les conséquences de ces dispositions, qui mirent à nouveau au second plan les gens de trait pour laisser aux chevaliers le premier rôle à la guerre, ne se firent pas attendre.

La bataille d’Azincourt, le 25 octobre 1415, se conclut par la victoire des armées d’Henri V d'Angleterre sur celles de Charles VI placées sous le commandement de Charles Ier d'Albret, connétable de France, qui y laissa la vie. Comme dans les batailles de Crécy-en-Ponthieu et de Poitiers, le rôle des archers anglais s’est avéré essentiel.

Un siècle d’expérience militaire, jalonné par de cuisantes défaites, commença à porter ses fruits. Des archers écossais participaient, de plus en plus nombreux, du côté des Français, aux combats contre les Anglais.

L’idée de Charles V de réorganiser les archers en milices, bien que combattue par Charles VI, faisait son chemin.

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Charles VII, à peine arrivé sur le trône, institua des réformes destinées à créer, en particulier, une armée nationale. Parmi d’autres mesures, le 28 avril 1448, par une ordonnance datée de Montils-lès-Tours, il créa les francs-archers, ainsi appelés en raison des franchises et exemptions d’impôts dont ils bénéficiaient. La taille personnelle étant justifiée par la non-participation des roturiers à l'activité militaire, ces archers occasionnels en sont dispensés, ainsi que de toutes charges.

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[…], qu’en chaque paroisse de notre dit Royaume, il y aura un Archer qui sera et se tiendra continuellement en habillement suffisant et armé de salade (b), dague, épée, arc, trousse (c), et jaques (d) ou huques de brigandines (e) ; et seront appelés Francs-archers, lesquels seront élus et choisis par vous les dites Prévôté et Élection, […]

(b) : Casque, chapeau de fer - (c) : objets suspendus à la ceinture - (d) : vêtement rembourré au plastron, aux épaules et aux manches - (e) : pourpoint composé de lamelles en métal enserrées entre deux étoffes

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[…], avons ordonné et ordonnons par les dites présentes, qu’ils et chacun d’eux soient francs, quittes et exempts de toutes les tailles et autres charges quelconques qui seront mises de par Nous en notre Royaume, […]

Ces francs-archers, surnommés ironiquement « francs-taupins » parce qu’ils étaient à pied et progressaient en se cachant, comme des taupes, étaient armés de l’arc, d’une « trousse » contenant 18 flèches, d’une salade (casque), d’une dague, et parfois d’une vouge (arme blanche dont le fer est emmanché au bout d'une longue hampe dont la lame est tranchante et asymétrique).

A partir de 1450, l’if remplace généralement l’érable, la viorne ou le frêne, pour la fabrication des arcs.

A l’origine, le rôle des francs-archers était de participer à la garde de leur propre ville, mais bientôt on les appela pour intervenir dans les régions menacées. Ils se joignirent aux troupes royales massées à Pontoise, à Beauvais et à Dieppe. Ils aidèrent grandement à libérer la Normandie.

A Caen, sous la conduite de Dunois, ils prirent la haute tour qui défendait la ville et obligèrent les Anglais à se rendre.

La paix revenue, ils furent employés à la garde des châteaux ou à la police pendant les foires.

En 1453, Charles VII créa le Garde écossaise, corps d’élite destiné à donner à tous les archers de royaume un modèle d’adresse, de courage et de dévouement.

Sous Louis XI (1423 - 1461 - 1483) les archers sont toujours en honneur, et Philippe de Commines en parle en ces termes : « La souveraine chose du monde ès batailles sont les archiers, mais qu’ils soient à milliers, car en petit nombre, ne vallent rien ».

Quant à savoir s’ils doivent être à pied ou montés, il ajoute : « Que ce soient gens mal montés, à ce qu’ils n’aient point de regrets de perdre leurs chevaux, ou du tout, n’en aient point… ».

Cependant Louis XI supprima les francs-archers. Rétablis par Charles VIII, son fils (1470 - 1483 - 1498), ils furent maintenus par Louis XII (1462 - 1498 - 1515).

François Ier (1494 - 1515 - 1547) conserva les francs-archers et créa une troisième compagnie de la Garde royale. Composée des 30 archers dont il avait été capitaine avant d’accéder au trône, elle eut pour nouveau chef Raoul de Vernon.

Mais les privilèges des francs-archers ne pouvaient ne pouvaient indéfiniment braver l’envie et la jalousie. François Ier dut se résoudre à les supprimer définitivement le 24 décembre 1535, tout en maintenant les compagnies militaires, dont il prescrivait régulièrement les montres et les revues.